La laïcité est-elle en danger ?
C’était le thème de la conférence proposée mercredi 24 janvier par l’association Olaïc 34 dont l’action vient d’être récompensée par le prix de la laïcité 2023. Djemila Benhabib, prix international de la laïcité 2012, a répondu à la question, et a poussé un cri d’alarme. Son parcours personnel illustre de façon éclatante les difficultés qu’une personne défendant la laïcité à la française doit affronter ; laïcité « à la française » critiquée par les Anglo-Saxons, qui admettent implicitement une inégalité de traitement entre les hommes et les femmes : ainsi, peu de personnes le savent, mais au Royaume-Uni, au moins une trentaine de tribunaux islamiques officieux, ou "conseils de la charia" officient en toute impunité.
L’école est depuis les année « 80 » le chant d’action privilégié par les intégristes islamiques, qui disposent par ailleurs de ressources financières inépuisables fournis par des états appliquant la charia. En cassant l’école, les intégristes islamistes cassent la société, et c’est leur but ; après l’assassinat de journalistes, puis d’enseignants, nous en sommes arrivés aujourd’hui au point où des enseignants doivent affronter des menaces et voient leur enseignement contesté : comment-dans ces conditions- ne pas surveiller ses paroles?
Certaines associations censées défendre la laïcité en contestent en fait les principes, au nom de l’égalité des droits. En réalité, cela ne peut qu’aboutir à l’inégalité : si des hommes de traditions différentes peuvent prétendre conserver ces traditions au nom de l’égalité des droits, il faudrait accepter alors que les femmes, elles, ne disposent pas des mêmes droits. C’est pour le moins inéquitable et paradoxal.
Alors, oui, la laïcité française est en danger… Et pourtant elle seule permet à tous, hommes et femmes, de vivre ensemble, en permettant le libre exercice des cultes et la liberté de religion, mais aussi la liberté vis-à-vis de la religion : personne ne peut être contraint au respect de dogmes ou prescriptions, quelles qu’elles soient.
Après que Djemila Benhabib ait répondu à de nombreuses questions, Baya Adji, présidente d’Olaïc 34, a tenu à remercier le maire de Nébian, Francis Bardeau d’avoir permis cette rencontre et d’être présent, et Michel Nozières, trésorier de l’association, qui a été la cheville ouvrière de cette rencontre. Puis les nombreux participants (un peu plus de 80 personnes…) ont poursuivi les échanges autour d’un apéritif.